Nous associons beaucoup Saint-Venant-de-Paquette à Richard Séguin, l'église patrimoniale, le Sentier poétique, la Maison de l'arbre et les Amis du patrimoine, mais il y a plus. La majorité d'entre nous ignorons l'effervescence musicale qui s'est opérée entre 1973 et 1976 dans ce petit village pittoresque.
Remontons dans le temps. Nous sommes en 1967, à Montréal, plus précisément au Collège Roussin, une activité parascolaire permet à Richard Séguin de prendre contact avec les Cantons-de-lest : une randonnée pédestre de Saint-Benoit-du-Lac à Austin constitue sa première visite. Ayant pour le moment peu d'intérêt pour la musique, il ignore que ce petit coin de pays servira de tremplin à sa carrière musicale.
En 1971, à Magog, le Café du Quai naît. Les artisans de cette belle création sont : Richard Séguin, Marie-Claire Séguin, Marthe Lévesque et Richard Pouliot. Cet endroit a permis à d'autres auteurs-compositeurs interprètes, groupes et poètes de présenter leurs créations - notamment Raoul Duguay, Michel Garneau, Jim et Bertrand, et Harmonium.
La société québécoise est en pleine Révolution tranquille. Le mouvement hippie prend place et manifeste un intérêt pour le « retour à la terre ». Richard Séguin acquiert une propriété à Saint-Venant-de-Paquette en juillet 1973, imité quelque temps après par Guy Richer de l'Infonie et Michel Normandeau. De 1973 à 1976, dans la foulée du nationalisme québécois et de l'éclatement de certaines valeurs sociales, émanent de ce petit village des classiques de la musique contemporaine québécoise. Serge Fiori et Michel Normandeau préparent l'album L'Heptade, Michel Rivard est à l'écriture du 3e album de Beau Dommage et Richard Séguin peaufine l'album Récolte de rêves. Raoul Duguay et la poétesse Francine Hamelin se rendent à quelques reprises à Saint-Venant-de-Paquette, chacun laissant dans l'album Récolte de rêves une chanson « Les saisons » et « Les enfants d'un siècle fou ».
Arrive alors l'album Deux cents nuits à l'heure créé par Richard Séguin et Serge Fiori. Celui-ci se voulait simple et une suite logique du groupe Harmonium. Cette période a permis un moment privilégié où la rencontre de tous ces gens allait engendrer des œuvres marquant l'histoire de la musique québécoise. Ce bouillonnement de créativité prend fin en 1977. Le contexte change. On se tourne vers un monde de plus en plus urbain. L'attachement à ce petit lopin de terre amène Richard et les Amis du patrimoine à organiser, en 1985, des activités à l'église de Saint-Venant-de-Paquette. En plus d'avoir un cachet patrimonial, le bâtiment est doté d'une excellente acoustique. À ce jour, plusieurs artistes s'y sont produits. Les sommes recueillies permettent la rénovation de l'église, le développement du Sentier poétique et de la Maison de l'arbre. Enfin, citons ces paroles de Richard Séguin : « le territoire, le vent, la montagne font partie intégrante de la créativité. Le tout est relié au rythme de la vie et de la possession du temps. »Ainsi est façonnée la psyché du créateur dans ce lieu bucolique au fond des Appalaches.
NDLR: J'aimerais remercier Richard Séguin et Marthe Lévesque pour leur accueil chaleureux et pour leur grande disponibilité dans l'élaboration de ce texte.