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Le Courant

Automne 2010 | 12

L’Harmonie de Coaticook a plus de 140 ans

Shirley Lavertu

Harmonie de Coaticook 1958

Les débuts de l’Harmonie de Coaticook
La croyance populaire voulait que l’Harmonie de Coaticook ait été fondée en 1870. De récentes recherches ont prouvé que l’Harmonie a offert un spectacle le 28 janvier 1869. En effet, le Coaticook Brass Band a offert un concert dans le cadre des activités du Wesleyan Missionnary Meeting. Puisque la représentation a eu lieu au début de l’année 1869, on peut dire sans se tromper que l’Harmonie devait être fondée au moins à la fin de l’année 1868. Le groupe aurait donc, en 2010, au moins 142 ans. Il est bon de mentionner qu’il est très possible que l’Harmonie ait plus de 142 ans si on prend en considération que les moyens de transport n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui et par conséquent, il était beaucoup plus difficile à l’époque de se procurer tous les instruments ainsi que les partitions pour pouvoir créer un groupe de musiciens digne de se produire dans le cadre d’un événement qui était couru par les journalistes.

C’est donc à partir de 1869 qu’on entend parler d’un groupe de musique d’harmonie à Coaticook. Au cours des années, le nom officiel de la fanfare de Coaticook a changé à plusieurs reprises : Coaticook Brass Band (1868), Coaticook Cornet Band (1870), City Band of Coaticook (1890), Harmonie de Coaticook ou Coaticook Harmony Band (1925), l’Harmonie de Coaticook ou The Coaticook Harmony Band (1933) et finalement Harmonie de Coaticook enr. (1936).

Les premières années
Les premières dizaines d’années de la fanfare de Coaticook avaient un but de distraction incontestable. La rigueur était de mise au niveau des cours de musique et des répétitions, mais les productions de l’Harmonie étaient des plus diversifiées. En effet, le groupe musical se produisait dans des événements plus officiels comme le départ du docteur Wood de Coaticook en 1873 (Canada Medical and Surgical Journal, volume 2, Edited by George E Fenwick, M.D., Montreal, « Gazette » printing House, 1874, p. 47). La fanfare participait également à plusieurs parades avec des groupes comme les policiers et les pompiers de la Ville, mais ils se produisaient également dans des concerts offerts dans différentes salles.

Déjà à l’époque, dans les années 1890, les membres de l’Harmonie quittaient la ville pour offrir des concerts dans le cadre de parades ou autres dans des municipalités voisines (L’Étoile de l’Est, 29 août 1890, p. 3). Ces activités permettaient à l’Harmonie de se financer. Les sommes d’argent recueillies servaient à l’achat d’instruments et d’uniformes ainsi qu’à la réparation des instruments. Il faut mentionner que déjà dans les années 1890 le conseil municipal subventionnait la fanfare pour un montant de 100$ par année. (L’Étoile de l’Est, 10 avril 1891, p. 3)

Parmi les activités favorites des musiciens de l’Harmonie de Coaticook à la fin du 19ième siècle et au début du 20ième, on retrouve les sérénades. Tout était un excellent prétexte pour faire une sérénade. La liste des gens victimes des sérénades de la fanfare est longue : les maires de la ville, les présidents honoraires, Noël, le Jour de l’An, etc. étaient des moments particulièrement appréciés des musiciens. En effet, à Noël, des sérénades étaient jouées à plusieurs résidences et chez plusieurs hôteliers. Un musicien raconte qu’il était de coutume au premier de l’An d’aller faire une sérénade chez le président honoraire de l’Harmonie qui invitait ensuite les musiciens à entrer pour se réchauffer un peu. Par après, ces derniers se rendaient chez les hôteliers pour leur jouer une sérénade à leur tour. À la fin de la journée, la majorité des musiciens manquaient des notes! (Le Progrès de Coaticook, 2 août 1962, p. 2, Souvenir d’un ancien membre de la fanfare)

Une des plus célèbres sérénades des membres de l’Harmonie est celle où les musiciens se sont rendus à la prison où était Harry Thaw en 1907. Monsieur Thaw a été accusé de meurtre aux États-Unis. Pour s’en sortir, il s’est enfui au Canada. Il a été pris et emprisonné à Coaticook dans la cave de l’hôtel de ville, avant de retourner aux États-Unis. Pour rendre son séjour moins triste en sol québécois, les musiciens de la fanfare de Coaticook sont allés le divertir en lui offrant une belle sérénade à la fenêtre de sa prison. (Le Progrès de Coaticook, 2 août 1962, p. 2, Souvenir d’un ancien membre de la fanfare)

Le kiosque de fanfare
Parmi les habitudes de l’Harmonie de Coaticook, il y avait les concerts au kiosque de fanfare à l’hôtel de ville. Ce dernier a été démoli par les membres de l’Harmonie à l’été 1950. Suite à la démolition du kiosque de l’hôtel de ville, les musiciens de l’Harmonie avaient besoin d’un nouveau lieu pour produire leurs spectacles en plein air.  L’inauguration du kiosque-monument comme on l’appelait, a eu lieu le 14 octobre 1951. Cet événement fut une grande fête. L’Harmonie d’Iberville avait été invitée pour offrir un concert, mais également pour participer au « mass band » (participation de plus d’une harmonie dirigées par un directeur musical par pièce) dirigée par le directeur invité au cours du défilé.

L’incendie de l’hôtel de ville
L’incendie de l’hôtel de ville du 29 novembre 1953 fut un des moments dramatiques dans l’histoire de l’Harmonie de Coaticook. L’Harmonie de Coaticook a presque toujours été logée dans les locaux de l’hôtel de ville. Les musiciens y possédaient un endroit pour conserver leurs instruments ainsi que la librairie de musique en feuille. C’est également à cet endroit que se déroulaient les répétitions du groupe. Dans les années 1950, le local de l’Harmonie était situé au troisième étage de l’édifice. Un violent incendie a éclaté le 29 novembre 1953 à l’hôtel de ville de Coaticook. L’édifice a complètement été détruit. Certes les pertes ont été lourdes pour l’Harmonie de Coaticook, mais nous avons appris dernièrement dans le cadre d’une entrevue avec M. Martial Martineau que lui-même et Ernest Lafaille, ainsi que le directeur musical de l’époque, Victor-Laurier Vincent, ont réussi à sauver environ la moitié de la librairie de l’Harmonie et au moins un instrument.

Les majorettes de l’Harmonie de Coaticook
Bien avant la naissance des majorettes « Les Tourbillons de Coaticook », il y avait des majorettes dans l’Harmonie de Coaticook.

C’est M. Victor-Laurier Vincent qui est à l’origine du groupe de majorettes de l’Harmonie de Coaticook. C’est en 1949. après avoir visité quelques corps musicaux aux États-Unis qu’il a décidé de donner à l’Harmonie de Coaticook son corps de majorettes sous les ordres du tambour-major Robert Huard.

C’est à l’été 1950 que le premier corps de majorettes est officiellement prêt à parader. Elles ont effectué une première parade à Coaticook, mais le véritable coup d’envoi des majorettes de l’Harmonie de Coaticook fut donné lors du Festival des Fanfares amateurs de la province de Québec à Granby à la fin juin 1950. L’Harmonie de Coaticook fut la première fanfare à présenter un groupe de majorettes. Le groupe était alors composé de Mona Riendeau 1ère majorette, Jacqueline Paquette, Jacqueline Bélisle, Claudette Lefebvre, Rose-Hélène Trudeau et Pierrette Fournier.

La majorité des jeunes femmes entraient dans le corps de majorettes autour de l’âge de 15 ans. Elles y passaient quelques années et elles quittaient. Plusieurs raisons expliquent ces départs. La plupart quittait pour des questions d’emplois ou pour des grossesses. C’est pour ces raisons que le corps de majorettes a changé de 1ère majorette à six reprises : Mona Riendeau, Pauline Bouchard, Pauline Lapointe, Pauline Bureau, Lise Bolduc et Gisèle Chouinard.

Le corps de majorettes prit fin vers 1967-68. Une fois de plus, les majorettes ont quitté en bloc pour différentes raisons. Après plus de 17 ans, ce groupe qui avait contribué au rayonnement de l’Harmonie de Coaticook, aux rêves des jeunes filles et à l’émancipation des femmes s’éteint. Plus d’une trentaine de femmes auront été membres du corps de majorettes de l’Harmonie de Coaticook.

Festival des Fanfares amateurs de la province de Québec 1962
L’Harmonie de Coaticook s’est vu confier l’organisation du Festival des Fanfares pour le mois d’août 1962 sous la présidence d’Ernest Lafaille. Le Festival des Fanfares amateurs de la province de Québec s’est tenu à Coaticook les 2 et 3 août 1962. Au programme, on retrouvait trois parades, plusieurs concerts ainsi que des « mass band ». Un concert conjoint a été offert par l’Harmonie de Coaticook et l’Harmonie d’East Angus. Il fut offert sous la direction des deux chefs : Harry Tinker et Victor-Laurier Vincent. L’organisation du Festival fut un véritable succès. Plus de 750 musiciens appartenant à une vingtaine de fanfares étaient présents. En deux jours, 15000 personnes étaient présentes à Coaticook.


La fanfare militaire
C’est en 1947 qu’on voit apparaître une première fanfare militaire à Coaticook. À cette époque, il y a à Coaticook une batterie du 27ième Régiment de campagne de l’Artillerie Royale du Canada. Victor-Laurier Vincent, directeur musical de l’Harmonie de Coaticook a également été clarinettiste dans l’Armée canadienne. C’est à lui que l’on confia le mandat d’organiser une fanfare militaire pour le 27ième Régiment. C’est ainsi que M. Vincent recrute une grande majorité des musiciens de l’Harmonie de Coaticook pour faire partie de la fanfare militaire. Pour les musiciens, cela représentait une petite paye supplémentaire à chaque semaine.

Les musiciens qui acceptaient de faire partie de la fanfare du 27ième Régiment de campagne de l’Artillerie Royale du Canada devaient participer à des formations. La première consistait en une formation de base de soldat. Les musiciens devaient apprendre les rudiments de la vie de militaire incluant des cours de drill. Par la suite, ils débutaient des formations musicales. Une fois la formation de base de soldat complétée, les musiciens se rendaient dans d’autres camps militaires comme à Val-Cartier,  Farnham, pour ne nommer que ceux-là.

Suite à une décision du ministère de la Défense nationale canadienne, le 27ième Régiment de campagne de l’Artillerie Royale du Canada est devenu le 46ième Régiment de campagne de l’Artillerie Royale du Canada en 1959. À partir de ce moment, le Quartier général du Régiment fut déménagé de Coaticook à Drummondville et la 72ième Batterie est demeurée à Coaticook.

En 1968, le ministère de la Défense nationale a décidé de réduire les unités de fanfare militaire de 24 à 13. La fanfare militaire de Coaticook faisait partie de celles qui allaient être appelées à disparaître. Le démantèlement de la fanfare militaire de Coaticook allait avoir beaucoup d’influence sur la survie de l’Harmonie de Coaticook.

Les années 1970 et 1980
Pour l’Harmonie de Coaticook, les années 1970 ont relativement bien commencé. L’armée avait quitté depuis deux ans et la fanfare de Coaticook se relevait lentement. Bien que le 46ième Régiment de campagne de l’Artillerie Royale du Canada avait quitté Coaticook avec une vingtaine d’instruments utilisés aussi par les musiciens de l’Harmonie, le conseil d’administration avait maintenant l’opportunité de racheter ces derniers à des prix modiques. Par contre, au cours des années 1970, l’Harmonie de Coaticook a connu sa grande noirceur. Les effectifs ont considérablement diminué au point où l’on se demandait si on ne devait pas mettre fin aux activités de la fanfare.

Les efforts des quelques membres qui ont poursuivi les activités de la fanfare voient leur travail récompensé. En 1980, l’Harmonie de Coaticook est maintenant composée de 48 musiciens. La renaissance est fragile, mais elle est bien présente. En 1989, M. Michel Dougherty, président, fait à nouveau des tentatives pour recruter des étudiants de la polyvalente la Frontalière de Coaticook. Cette fois-ci, il est accueilli avec plus d’écoute de la part du directeur de l’institution M. André Langevin. L’Harmonie de Coaticook est sur le point de subir un grand renouveau. Les concerts reprennent au Parc Chartier. L’Harmonie est maintenant constituée d’anciens musiciens de l’organisation et de jeunes musiciens de la relève.

Le stage-band de l’Harmonie
En août 1993, deux nouveaux groupes ont été formés pour la saison 1993-1994 : un stage band composé de 15 à 20 musiciens et un ensemble de musique de chambre constitué de 3 à 7 musiciens.  Rapidement, l’ensemble de musique de chambre fut appelé à disparaître, mais la popularité du stage band qu’on appelait aussi « ensemble Ballroom » augmenta rapidement.

Pendant quelques années, le stage band constitué des meilleurs musiciens de l’Harmonie offrit des prestations à plusieurs endroits. Ces soirées musicales représentaient une excellente source de financement pour l’Harmonie. Il y eut jusqu’à 19 musiciens en même temps dans le stage band et ils avaient un répertoire de plus de cent pièces.

Les échanges culturels
Depuis quelques années, l’Harmonie de Coaticook a quelque peu diversifié ses activités. Le but principal demeure toujours la musique d’harmonie. Par contre, depuis 1993, des échanges culturels sont organisés avec des harmonies françaises.

L’Harmonie de Coaticook s’est rendue en France à 5 reprises pour faire des échanges culturels avec plusieurs harmonies françaises. Ces mêmes groupes se sont par la suite rendus au Québec pour découvrir la région de la Vallée de la Coaticook.

En conclusion
L’histoire des 142 années passées de l’Harmonie de Coaticook nous a permis de comprendre le poids de cette organisation. La fanfare de Coaticook a su traverser les 14 dernières décennies malgré le changement des mœurs, l’évolution de la société, les guerres et les crises économiques. Certes son histoire n’a pas été teintée que de moments glorieux. Par contre, les musiciens, les majorettes, les présidents et les directeurs musicaux ont su redonner vie à chaque fois à cet organisme.

L’Harmonie de Coaticook a permis à plusieurs milliers de personnes de vivre de beaux et de bons moments au sein même de la Ville de Coaticook. La flamme est née dans le cœur des musiciens du Coaticook Brass Band et elle continue de brûler dans ceux de l’Harmonie de Coaticook.

« L’Harmonie de Coaticook c’est votre harmonie, ne l’oubliez pas, et il est aussi important pour une ville d’avoir son Harmonie que d’avoir son club de hockey ou de baseball ou son comité de relation industrielle. Elle souligne le progrès, elle est un témoignage d’avancement d’une ville, en deux mots elle est indispensable et nous nous devons de l’appuyer. » (Le Progrès de Coaticook, 26 avril 1951, p. 9, Nos musiciens à votre porte donnez généreusement)

Le Courant

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