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Le Courant

Automne 2004 | 06

Les professionnels de Compton 1930-40

Russel Nichols

Nous débuterons notre tour à un demi mille de Compton, à peu près, sur le chemin de Sherbrooke et ici nous trouvons un vieux bâtiment d'environ 30' X 40' très abîmé et noirci par le temps. C'est la boutique de forge de John Boudreau où John ferrait les chevaux, faisait des jantes de fer pour les roues en bois des chariots, et réparait beaucoup d'autres instruments de ferme. Dans un coin était la forge et avec un ensemble de soufflets on pompait l'air ce qui faisait devenir le charbon bleu et très chaud.

Un après-midi, alors que mon frère et moi nous nous rendions à l'école anglaise de Compton, John nous a arrêtés, et nous a demandé si nous irions au Bureau de Poste pour lui rapporter son courrier . Il a dit qu'il demanderait à Mlle Lora St-Laurent de nous le donner. Il nous payait .10¢ par semaine pour ce travail.

Dans les années `50 , la boutique de John brûla. Il reconstruisit une plus petite boutique mais seulement pour une courte période à cause de sa santé défaillante. Il est mort peu de temps après et sa boutique fut vendue et transformée en maison privée.

Un peu plus loin, à l'extrémité nord de la rue principale, se trouvait la maison de Steve Broderick. À ce moment-là, elle était à côté de la dernière maison sur la rue principale nord. M. Broderick était le secrétaire-trésorier du Canton ainsi que du village de Compton. Il exerçait la même fonction pour la Commission Scolaire anglophone de même que pour l'Association des Cimetières de Compton. On a toujours dit qu'il avait été l'homme le mieux habillé du village, allant toujours travailler à l'hôtel de ville dans un habit gris, une cravate et un chapeau feutre. Il a toujours marché pour se rendre au travail et était toujours très ponctuel, arrivant à exactement 8 AM, puis partait pour la maison à midi, et de retour au bureau à 1 heure. Il fermait à 5 P.M.. La maison est toujours au nom des Broderick et ses descendants s'en servent comme maison d'été.
Sur le côté opposé de la rue, et un peu plus loin, se trouvait la crémerie Raboin, où les cultivateurs amenaient leur crème pour être transformée en beurre. Elle était opérée par Georges et Aimé Raboin. Durant l'été ils recevaient la crème les lundis, mercredis et vendredis, mais en hiver seulement deux fois par semaine. Ce commerce a cessé ses opérations dans les années `60 mais la bâtisse tient toujours et elle est présentement inoccupée.

Plus loin sur la rue principale était le magasin St-Laurent, où Maurice, le frère de l'ancien Premier Ministre et le fils de Maurice, Marc, avaient un magasin général où presque tout était disponible. C'est maintenant un Musée géré par le gouvernement fédéral,

En face du magasin St-Laurent se trouvait la maison Todd et vivaient là M. et Mme Arnold Todd ainsi que la soeur de monsieur Todd, Mlle Addie Todd, qui a eu un commerce de développement de photos pour plusieurs années. La maison est toujours là et n'a jamais été modifiée.
Suivant la maison Todd, sur le même côté, était le magasin Blue Bird, administré par Mlles Couture et Côté. À cet endroit vous pouviez acheter toutes sortes de fournitures scolaires dont on se servait dans ce temps-là, aussi bien des vêtements, du fil, des cartes. Elles avaient de tout! Cette bâtisse est devenue la Caisse Populaire de Compton après la fermeture du commerce et quand la Caisse a laissé l'endroit pour occuper de plus grands locaux, cela fut converti en une maison privée. L'extérieur de la bâtisse est demeuré identique à ce qu'il était il y a 60-70 ans.

Le bâtiment suivant était le magasin général, appartenant à Charlie Savary. C'était principalement une épicerie. Après que M. Savary eut vendu, cela a continué à être une épicerie pendant plusieurs années avec différents propriétaires. Maintenant c'est une boutique de cadeaux et un magasin vidéo. Toujours, sur la rue Main, suivait la maison privée de Mme Guy Carr qui avait un salon de thé. Elle n'était ouverte que les après-midis, et approvisionnait les professeurs du King's Hall. Les professeurs n'avaient aucun cours les après-midis, car les étudiantes avaient leurs après-midis de congé, donc les professeurs allaient se réunir là. Après la mort de Mme Carr cette propriété a été vendue à Ben Spalding, qui avait un commerce d'étameur (tinsmith) sur la rue Church. Il a aménagé le sous-sol de cette maison d'où il a continué à opérer son commerce. C'était un vieil homme très bourru et mon père allait toujours lui porter ses vieilles chaudières en étain pour qu'il les soude et je me souviens de l'entendre dire : « Nelson, pourquoi pour l'amour du *!@#$ ne jette tu pas ces vieux seaux au dépotoir ? » Mon père riait et disait «quand seront-ils prêts Ben ? » Puis mon frère et moi étions chargés d'aller faire un tour là le lendemain pour voir si les seaux étaient prêts. Nous haïssions faire ça car nous avions peur de Ben. Rendus là il nous regardait seulement quelques secondes (ça nous semblait des heures) et il disait «je suppose que Nelson veut ravoir ses seaux» nous disions «oui» et il disait «ils vont être prêts demain»! Cette maison a été démolie depuis et sert maintenant de terrain de stationnement pour le magasin vidéo.

La maison suivante, sur la rue Main, appartenait à M. Gagnon, qui était cordonnier et fabriquant de harnais . J'ai toujours eu du plaisir à entrer là, en raison de l'odeur forte du cuir, qui vous frappait dès que vous aviez ouvert la porte. Le magasin de M. Gagnon était dans son sous-sol. Il parlait très peu l'anglais, mais semblait faire son affaire pareil. Il opérait aussi un taxi les après-midis, pour les professeurs de King's Hall qui voulaient aller à Sherbrooke pour faire des achats. Cette maison a été également démolie quand la nouvelle école française a été construite et c'est maintenant la cour d'entrée de l'école. Plus loin au sud sur la rue Main, à l'intersection de la route Cochrane, se trouvait le garage de M. Lundeborg. Carl et ses fils Roy et Stuart opéraient le garage et étaient également dépositaires de Général Motors à Compton. Carl était de descendance suédoise. Il était grand et ne parlait seulement que quand il devait le faire. Certains disaient qu'il était hautain. Quand il eut vendu le garage, il a conduit le taxi pour le King's Hall jusqu'à ce qu'il déménage à North Hatley où il a eu une cour de rebuts. C'est à ce moment-là que M. Gagnon a pris le commerce du taxi.

Carl Lundeborg a vendu son garage à Lawrence Broderick dans les années `40. « Larry » , comme tout le monde le surnommait, avait été élevé sur une ferme située entre Compton et Coaticook. Il avait quitté la ferme très jeune pour devenir agent de gare à Hillhurst, poste qu'il a occupé jusqu'à ce que la gare ferme. Puis il a conduit la niveleuse du Gouvernement sur le chemin qui était en gravelle, dans le temps, entre Coaticook et Lennoxville. Il m'a dit qu'il allait toujours à la ferme de Charlie Moss pour se rafraîchir, sur l'heure du midi, car c'était là où il y avait la meilleure eau qu'il n'eut jamais goûtée .C'était un homme très volubile qui appelait tous les francophones « frenchie » mais d'une façon si joviale que tous l'acceptaient. Il était le seul homme du village qui pouvait s'en tirer indemne en les appelant ainsi.

Passons maintenant à une maison sur le chemin Cookshire. Dans ce temps-là c'était la seule maison, aux limites du village, sur cette route. Elle était à peu près à 300' de la rue Main en montant. James Skuse (un garçon natif d'Angleterre) a vécu ici avec sa famille. Pour chaque personne du village, il était Jimmy. Je ne sais pas quand il est venu à Compton mais il travaillait au King's Hall. Son travail consistait à aller porter le courrier de l'école au bureau de poste, et du bureau de poste à l'école. Il marchait jusqu'à l'école anglaise que je fréquentais chaque matin, avec le sac à malle par-dessus son épaule. Si nous jouions dehors il nous envoyait toujours la main ou nous disait allô. Il faisait ces voyages les matins, midis et soirs, 6 jours semaine. Il était un très petit homme, très jovial , souriant toujours. Après qu'il se soit retiré son successeur a utilisé une auto pour ce travail.

Sur la rue Church (seule autre rue de Compton dans le temps) il y avait la coopérative de grains et moulées et la crémerie, cette dernière étant arrivée dans les années `30. C'était environ à mi-chemin entre la rue principale et l'extrémité de la ville. Il y avait également une petite pompe à gaz au centre de la cour, où vous pouviez aller pomper (à la main) la quantité de gaz que vous vouliez avoir. Le récipient en verre contenait dix gallons et avait des lignes qui indiquaient la quantité, chaque ligne représentait un gallon. Ce récipient était placé sur le dessus de la pompe à gaz à une hauteur approximative de 6-8 pi au-dessus du sol. Quand vous aviez pompé le montant de gaz désiré vous mettiez le bec verseur dans votre réservoir et le gaz coulait par gravité. Il y avait également deux boutiques de forge sur cette rue. Une, un peu passé la co-op sur le même côté et était gérée par M. Godbout. L'autre était du côté opposé de la rue, juste en haut de la Co-op et appartenait à un M. Nicol. Mon père ne faisait pas tellement affaires avec ces co-ops, donc je sais très peu de choses à leur sujet.

Sur la rue Church également, face à la Co-op à peu près deux maisons plus haut, était situé ce que nous appelions le Central. (centrale téléphonique). Madame Burnell était l'opératrice mais elle a déménagé à Waterville pour prendre charge de la centrale de ce dernier endroit. Madame Ben Spalding a pris sa place. Dans ce temps-là les téléphones étaient des boîtes d'à peu près un pied carré et de 18-20 » de haut. Quand vous vouliez téléphoner à quelqu'un, qui n'était pas sur la même ligne que vous, vous pressiez un petit bouton noir sur le côté de la boîte et tourniez la manivelle en même temps. Le Central vous répondait avec un « Bonjour » ou « Allô ».
Elle savait toujours qui appelait et si ce n'était pas trop occupé elle pouvait partir une conversation avec vous car elle savait toujours qui téléphonait. Puis, vous lui donniez le numéro que vous vouliez et elle vous mettait en ligne. Souvent, si la personne sur l'autre ligne mettait du temps pour se rendre au téléphone, vous pouviez entendre deux ou trois déclics, car les autres abonnées sur cette ligne décrochaient afin d'écouter les dernières nouvelles ou le bavardage et se mêlaient souvent à la conversation également. Nous étions 4 sur notre ligne en ce temps-là. Les Luce, sur ce qui était le Chemin Luce (maintenant Beaudoin), Marc Rouillard, à côté du pont Spafford et les deux demoiselles Bureau, tout en haut près du village de Compton. Notre code d'appel était 18 sonnez 14, (un long coup et quatre petits). Quand les téléphones à cadran sont arrivés il n'y avait plus ce contact personnel et puis quand les lignes privées sont arrivées là cela a gâché le plaisir de plusieurs personnes qui aimaient faire de l'écoute.

Comme les temps et les affaires ont changé depuis les 60-70 dernières années...!

 

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