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Le Courant

Courant 2021 | 23

Regard sur l'histoire des communautés religieuses

Regards sur l‘histoire des communautés religieuses de la région de Coaticook

 

Conférence de Guy Laperrière
Donnée le dimanche 5 mai 2019


Un sujet important pour l’histoire de la région puisqu’il s’agit des Communautés religieuses liées à l’Église catholique. Le sujet portera donc sur des Communautés religieuses dans la région de la ville de Coaticook et de la MRC de Coaticook mais aussi la région de Sherbrooke jusqu’à la frontière. Nous toucherons ce sujet en le divisant en quatre étapes : Les débuts représentés par la deuxième moitié du 19e siècle, le grand essor de 1900 à 1940, suivi de sa continuité de 1940 à 1970 et enfin de 1970 à nos jours.
1. La deuxième moitié du 19e siècle :
La première communauté à s’installer dans la région est celle la Congrégation de Notre-Dame qui fonde en 1857 le Mont Notre-Dame, à Sherbrooke. Cette communauté est la première fondée au Canada, par Marguerite Bourgeoys, à Montréal en 1659. Son but est l’enseignement aux petites filles. Contrairement aux couvents de l’époque (comme les Ursulines), qui sont cloîtrées, Marguerite Bourgeoys, qui a été canonisée en 1982, rêve de produire « La vie voyagère de la Sainte Vierge ». Les sœurs vivront donc dans des couvents, un peu partout au Québec, sans être cloîtrées. Elles arrivent donc à Sherbrooke en 1857.

À Coaticook, l’abbé Jean-Baptiste Chartier arrive à Coaticook où il devient curé en 1868. C’est le premier curé de la nouvelle paroisse St-Edmond. À ce moment-là, Coaticook comme Sherbrooke, fait partie du diocèse de Ste-Hyacinthe, fondé en 1852. Comme plusieurs curés de l’époque, un des premiers soucis de Chartier est l’éducation des enfants, surtout pour les éloigner des écoles protestantes. Il veut construire un couvent et s’adresse à la communauté la plus connue, la Congrégation de Notre-Dame, et lui demande d’assumer les frais de la construction. Nous sommes en 1869 : les sœurs refusent.

S’adressant à son évêque à Saint-Hyacinthe, l’abbé Chartier obtient par lui les services des Sœurs de la Présentation de Marie, et il construit le couvent à ses frais : c’est un beau bâtiment en granit de deux étages, aujourd’hui encore un des plus beaux édifices de la ville. Qui sont ces Sœurs de la Présentation de Marie? Ce sont des religieuses enseignantes du sud-est de la France, congrégation fondée en 1796, le 21 novembre, jour de la fête de la Présentation de la Sainte Vierge. Elles arrivent en 1853, recrutées en France par Mgr Prince, premier évêque de St-Hyacinthe depuis 1852. Elles auront des couvents de filles importants à St-Hyacinthe, Drummondville et Coaticook.

C’est le 15 septembre 1870 que trois religieuses arrivent à Coaticook : on fêtera les 150 ans en 2020. Il y a à cette époque des heurts entre catholiques et protestants. Par exemple, le 17 novembre 1870, des enfants protestants lancent des boules de neige aux sœurs qui reviennent de promenade : le ministre anglican fait signer à leurs parents une lettre d’excuses … Pour les sœurs, c’est là une preuve de fanatisme des protestants.

En 1871, il y a au couvent 20 pensionnaires, 31 quart-pensionnaires et 60 élèves à la classe internat, sous le contrôle des commissaires. Dans ce temps-là, comme aujourd’hui, il y avait cette dualité école privée/école publique. La commission scolaire dirigeait l’école publique : c’était l’externat. Le couvent, les pensionnaires, c’était payant et c’est là qu’on retrouvait les enfants des familles les mieux nanties. Et souvent, vu que les commissaires ne fournissaient pas grand-chose aux sœurs, ce sont les revenus des pensionnaires – et des leçons de musique, par exemple – qui servaient à financer l’école publique, des petites filles pauvres. En 1874, les commissaires achètent une maison en face du couvent pour les externes.

Drame en 1875 : crise économique, le curé Chartier fait faillite. C’est le Trust and Loan qui loue désormais le couvent aux sœurs, pour 200$ par année. Les sœurs paient ce loyer avec le 200$ provenant de la subvention du gouvernement. En 1878, rien ne va plus : les sœurs annoncent leur départ. Mobilisation de la population : pétition, souscription, bazars. C’est ce qui fait que 5 ans plus tard, en 1883, les sœurs achètent le couvent, avec la clause suivante, dans le contrat : Au cas où les Sœurs ne pourraient plus donner l’éducation et tenir un pensionnat, elles seraient obligées de remettre le Couvent avec ses dépendances et améliorations à la fabrique de la paroisse de St-Edmond de Coaticook. Ceci jette une lumière particulière sur ce qui s’est produit lorsque les Sœurs font le «Don» du Couvent au Collège Rivier en 2014 : « Au cas où les Sœurs ne pourraient plus donner l’éducation et tenir un pensionnat, elles seraient obligées de remettre le Couvent avec ses dépendances et améliorations à la fabrique de la paroisse de St-Edmond de Coaticook. »

En 1891 une statistique nous révèle qu’à Coaticook les catholiques, 3086 personnes, constitue 60% de la population et qu’au couvent on peut compter : 10 religieuses, 282 élèves dont 45 pensionnaires et 72 quarts de pension et 163 externes.

Toujours dans le domaine de l’éducation Un an seulement après l’ouverture du couvent de Coaticook, deux sœurs grises de St-Hyacinthe arrivent à St-Venant de Paquette. Le curé Louis-Salomon Lambert les y a invitées et il désire que ces sœurs fassent la classe et visitent les malades. Elles ouvrent des classes où s’inscrivent 26 élèves, garçons et filles. Tout le monde est enchanté mais en 1875, par ordre de l’évêque, elles doivent quitter le village au grand regret du curé.

Un an plus tard, l’abbé Jean-Baptiste Champeau réussit à faire venir à Saint-Venant les Filles de Ste-Anne, connues plus tard sous le nom de Sœurs de Ste-Anne, communauté fondée en 1850 par Esther Blondin dont le but est « L’éducation des enfants pauvres, de l’un et l’autre sexe. » Sa maison mère se trouve à Lachine. En 1878, ses sœurs construisent un nouveau couvent. Mais la situation n’est pas facile. Après une visite, la mère supérieure écrit « elles sont très pauvres sans manquer du nécessaire, mais elles paraissent très heureuses. » Bien loin, on les appelle Missionnaires des montagnes et dans les annales est inscrit : « cinq ou six habitions avec l’église constituent tout le village »

Il y a trop peu d’élèves : en 1881, 37 pensionnaires, externes : 16 filles, 26 garçons. En 1884, face à l’isolement des sœurs, au manque de ressources, aux dettes, la supérieure générale annonce à Mgr Racine le retrait de ses sœurs, invoquant « l’impossibilité de continuer notre œuvre qui par ailleurs n’a pas eu de la part des paroissiens tout l’encouragement qu’on devait en attendre. » L’évêque est d’accord : il n’y a pas assez de revenus suffisants pour soutenir cet établissement.

Pensez-vous que Saint-Venant va lâcher? La même année. 1884, le curé Louis-Médéric Hamelin, voulant poursuivre l’œuvre d’éducation, sollicite une autre communauté, les Sœurs de l’Assomption de la Sainte-Vierge, fondée en 1853 et établies à Nicolet. Le but de leur fondation est de travailler à l’instruction chrétienne des jeunes personnes de leur sexe et surtout des pauvres filles des bourgs, des villages et de la campagne. Il faut cependant multiplier les commandes : 1884, 1885, 1886. Finalement, les Sœurs acceptent de venir en 1887. L’abbé Champeau leur donne le Couvent, avec comme but d’ouvrir un pensionnat pour jeunes filles, avec un externat pour petites filles et petits garçons. Cinq sœurs arrivent le 23 août 1887,dans ce qui s’appelle « le couvent de Paquetteville». Des conditions de misère se vivent au début : les religieuses font le tour des rangs pour quêter. Elles reçoivent de tout, y compris des poules vivantes! Le curé est très satisfait de leurs services. Les Sœurs resteront à Saint-Venant jusqu’en 1964. Il y a aussi des sœurs à Sainte-Edwidge.

Toujours pour l’éducation des filles, après Coaticook et Saint-Venant, une troisième localité de la région ayant son couvent est Stanstead. Les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame seront les sœurs qui viendront à Stanstead. C’est le curé Michel Mc Auley, natif d’Irlande, ordonné prêtre à Ste-Hyacinthe, curé de Granby de 1860 à 1868, puis de Stanstead de 1868 à 1883 avant d’être curé de Coaticook de 1883 à 1902, qui fait les démarches auprès de la Congrégation de Notre-Dame. En 1874, les sœurs achètent une maison et ses dépendances pour 4 000$ dont la moitié est payée par le curé Mc Auley. Donc les sœurs de Notre-Dame de la présentation s’installent à Coaticook en 1870, 1871 pour St-Venant et 1874 pour Stanstead. L’école de Stanstead ouvre en 1875, trois sœurs arrivent pour ouvrir deux classes en anglais. Un an plus tard, en 1876, une autre sœur arrive et ouvre une autre classe en français. Le couvent compte alors une vingtaine de pensionnaires et quelques pensionnaires.

                                     Couvent de Paquetteville

                                    Couvent de Paquetteville, était situé à St-Venant

Malheur, un an plus tard, le 3 octobre 1877, tout brûle. Les Sœurs et les élèves sont hébergées à Sherbrooke, au Mont Notre-Dame. Des assurances couvrent pour 3 500$. Le curé et les paroissiens font tout pour garder les sœurs mais les autorités de la congrégation décident de fermer l’établissement. Les sœurs ne reviendront pas à Stanstead et c’est dommage car la fréquentation était bonne, 84 élèves en 1877.

De grands changements dans le monde religieux de la région ont lieu. Depuis 1852, le centre religieux catholique de Sherbrooke, Coaticook ou Stanstead était le nouvel évêché de Saint-Hyacinthe mais changera radicalement en 1874, avec la création du nouveau diocèse de Sherbrooke et de la nomination de son premier évêque Mgr Antoine Racine jusque-là curé à Québec. C’est donc maintenant de Sherbrooke que se prendront les décisions concernant la venue des communautés religieuses de la région. Mgr Antoine Racine va s’inspirer du geste que son frère, Mgr Dominique Racine, évêque à Chicoutimi, qui a réussi à accueillir un groupe de sœurs des Ursulines de Québec ouvrant un couvent à Roberval. En 1882, le curé Mc Auley trouve un terrain et presse les religieuses d’acheter le terrain en se rendant lui-même à Québec et obtenant l’autorisation de l’archevêque de Québec, Mgr Taschereau. En 1883, Mc Auley devient curé à Coaticook et les travaux de construction du couvent de Stanstead débute. En 1884, Mgr Racine offre la cloche du monastère et ainsi on assiste à l’ouverture du pensionnat et de l’externat avec 157 élèves, catholiques et protestants. Dans cette région les religieuses verront à développer la cause de la religion et de l’éducation mais aussi faire connaître la langue française qui est presque ignorée dans la région.

Qu’en est-il de l’éducation des garçons ? Les Frères du Sacré-Cœur viendront s’implanter dans notre région et assurer ainsi l’éducation pour les garçons. En effet, là où le clergé séculier se concentre sur des collèges classiques et la formation des professions libérales, les frères s’occuperont davantage des artisants et commerçants. Les Frères du Sacré-Cœur s’implantent à Sherbrooke en 1882. Six religieux viennent alors diriger les écoles de garçons de la ville. À partir de là, les fondations se multiplient à Richmond, et plusieurs autres villes de la région dont Coaticook en 1890. Le frère que l’on choisit pour aller diriger la fondation de Coaticook est le Frère Francis, un Américain, qu’on avait fait venir à Arthabascaville en 1874 pour enseigner l’anglais et le chant. À son ouverture, en 1890, l’école comptait 5 classes et 168 élèves. Au début on parlait d’une Académie commerciale, mais bien vite, elle prit le nom d’Académie Sacré-Cœur. En 1936, ça devient maintenant Frère du Sacré-Cœur. C’est la plus importante congrégation de frères enseignants dans les Cantons de l’Est.

Voici pour le volet éducation mais qu’en est-il des autres volets : les malades, les pauvres, les orphelins, les vieillards en fait la santé et les services sociaux. Dans la région c’est la même communauté qui s’occupe de tout cela. Elle se nommait les Sœurs de la Charité (ou Sœurs Grises) de St-Hyacinthe. Elles étaient à St-Venant, de 1871 à 1875, mais elles furent retirées de là, par les deux évêques (de St-Hyacinthe et de Sherbrooke) parce que l’enseignement n’était pas leur vocation. Il faut expliquer qu’au Québec, entre 1850 et 1950, l’évêque de chaque diocèse agit, à toutes fins pratiques, comme ministère de l’éducation, de la santé et des services sociaux avec l’avantage que ces services sont décentralisés puisqu’il sont présents dans chaque diocèse. C’est pourquoi en 1875, Sherbrooke met sur pied son séminaire diocésain, le Séminaire St-Charles-Borromée. Et la même année 1875, viennent de Saint-Hyacinthe, les Sœurs de la Charité de Saint-Hyacinthe, un détachement des Sœurs grises de Montréal qui vont fonder à Sherbrooke l’Hospice du Sacré-Cœur. En 1891, cet hospice (appelé aujourd’hui le Pavillon d’Youville) compte 78 pauvres, 47 orphelins et 8 pensionnaires. Avec le progrès les religieuses ouvrent en 1909 l’hôpital Saint-Vincent de Paul, qui compte, en 1911, 25 religieuses, 35 malades, 5 pensionnaires et 16 domestiques. Deux autres communautés vont s’implanter à Sherbrooke en 1895. Tout d’abord une communauté contemplative, Les Sœurs adoratrices du Précieux-Sang, fondée elle aussi à Saint-Hyacinthe, en 1861, par Aurélie Caouette. Le couvent de la rue Dufferin, à Sherbrooke, a été construit en 1912. L’autre communauté qui viendra s’établir en 1895 est celle de Les Petites Sœurs de la Sainte-Famille, des religieuses au service du clergé. Elles ont été fondées au Nouveau-Brunswick par mère Marie-Léonie qui transfère sa maison-mère à Sherbrooke en 1895, à l’appel de Mgr LaRocque. Ces sœurs s’occupent de l’entretien ménager du clergé, dans les évêchés et les séminaires. Dans chacun de ces gros collèges ou séminaires, on compte entre 20 et 30 sœurs pour s’occuper de la cuisine, de la buanderie et du ménage. En 1930, on construit une nouvelle maison-mère, sur la rue Galt, grande maison visible du pont Jacques-Cartier à Sherbrooke.

2. Le 20e siècle, 1900-1940
Poursuivons dans le temps et constatons l’augmentation. Ainsi en 1933, un annuaire nous indique qu’en 1933, les Sœurs grises ont maintenant 54 religieuses à l’Hospice du Sacré-Cœur et 60 à l’hôpital général Saint-Vincent de Paul. En 1933 toujours, les Sœurs de la Présentation de Marie comptent 44 religieuses à leur couvent de Saint-Edmond et 6 à l’école Saint-Marc. Le couvent de Stanhope en compte 16, celui de Compton 9 et celui de Saint-Herménégilde 4. C’est dans les années 1930 que le recrutement des communautés religieuses a été le plus fort au Québec, proportionnellement à la population.

                                    Couvent de stanhope

                                                           Couvent de Stanhope

D’autres communautés ont vu le jour dans le diocèse. Notons Les Sœurs des Saints-Noms de Jésus et de Marie qui s’implantent à Disraeli en 1898. Les Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus arrivent à Newport, Vt, en 1905. Puis à Magog, en 1907, où elles ouvrent une crèche pour accueillir les enfants des ouvriers et ouvrières des usines de coton; elles s’occupent surtout d’éducation dans la région, à Magog, Martinville, Waterville, Rock-Island, Saint-Malo, Saint-Isidore, en 1921, elles prennent en charge l’Hôtel Dieu de Sherbrooke.

                                  Couvent de Compton
                                         Couvent de Compton, situé sur la rue Hatley


Les communautés religieuses anglophones sont là aussi. En 1910, à l’école Saint-Patrice, de Sherbrooke, arrivent les Presentation Brothers. Une autre communauté d’hommes s’implante en 1913, les Rédemptoristes dans la paroisse Notre-Dame du Perpétuel-Secours, à Sherbrooke. Ils y lanceront, entre autres, les retraites fermées à la Villa Saint-Alphonse, à partir des années 1920.

D’autres communautés religieuses importantes s’implantes dans les années 1920 : les communautés missionnaires. En 1919, sont fondées à Lennoxville les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame des Anges, qui ont des missions en Chine. L’année suivante, 1920, voit l’implantation, tout à côté, du noviciat des Franciscains. Notre-Dame des Anges est une dévotion franciscaine.

                         Élèves Couvent de Compton

                                  Classe d'élèves au Couvent de Compton

Une autre communauté s’installe dans la région en 1902. Il s’agit des Missionnaires de la Salette. Cette communauté sera présente à Stanstead de 1902 à 1916. C’est Mgr Laroque, le deuxième évêque de Sherbrooke, qui les sollicitent en 1902 pour qu’ils prennent en charge la paroisse de Stanstead, le Couvent des Ursulines et l’École paroissiale des garçons. Les Pères viennent et essaient de se développer. Ils ont été à Stanstead de 1902 à 1916. Mgr LaRoque, deuxième évêque de Sherbrooke, les sollicite pour qu’ils prennent en ch, arge la paroisse de Stanstead, le Couvent des Ursulines et l’école paroissiale des garçons. Etsi, en plus ils peuvent convertir un certain nombre de protestants, ce serait l’iséal. Ils attirent les Frères du Sacré-Cœur, qui vont diriger l’école des garçons de 1903 à 1914. L’évêque est donc très content.

Stanstead n’est cependant pas assez grand pour soutenir tout ce beau monde. Le curé Cruveiller de Stanstead se plaint dès 1904 d’avoir trois communautés pour seulement 200 catholiques et de plus la concurrence est forte de la part des bénédictins. En effet les Bénédictins sont implantés à St-Benoit-du lac en 1912. Les bénédictins viennent à Stanstead pour prêcher er tenter de recruter des fidèles. En 1914, les Bénédictins et les Salettins (c’est le nom courant des Missionnaires de la Salette) se livre une bataille pour gagner les paroissiens. Les Missionnaires de la Salette vont ainsi se retirer de Stanstead en 1916. Ils ont quand même laissé un souvenir dans la région et Mgr Desranleau nommera la nouvelle église de Baldwin Notre-Dame de la Salette en 1947, pour rendre hommage aux pères de la Salette qui ont desservi la paroisse Sacré-Cœur de Stanstead de 1902 à 1918.

3. Le 20e siècle, 1940-1970

Période de prospérité économique, de grand essor institutionnel, en particulier du côté de l’éducation. Ce qui est frappant, c’est de voir le grand nombre d’institutions secondaires qui se fondent pour garçons. Trois fondations de nouvelles communautés en périphérie de Sherbrooke : en 1947, les Missionnaires de Mariannhill, qui fondent le Mont Sainte-Anne, en 1948, les Servites de Marie, qui ouvrent à Ayer’s Cliff le collège Notre-Dame des Servites, et les Salésiens de Don Bosco, qui inaugurent en 1962 le Séminaire salésien. Auxquels on peut ajouter les Frères du Sacré-Cœur, qui construisent en 1963 un complexe important à Bromptonville. Ces quatre maisons sont maintenant devenues des écoles secondaires privées, mais ce n’est pas du tout leur vocation première. Ce sont avant tout des juvénats, destinés à former des vocations religieuses pour les congrégations concernées. Dans la même ligne, mentionnons le noviciat des Frères des Écoles Chrétiennes, ouvert à Compton en 1948 : c’est la Maison Saint-Michel, qui va fonctionner jusqu’en 1968.
Les Servites de Ayer’s Cliff révèlent qu’il leur faut ouvrir un collège au Québec pour recruter des vocations. Les Servites, un ordre fondé en Italie au 13e siècle et implanté à Montréal en 1912 pour desservir la communauté italienne, veulent d’abord acquérir en 1946 le Ross College, nom donné au Bishop’s College School à Lennoxville. Mais Mgr Desranleau les en empêche, se réservant ce collège et l’université Bishop’s voisine, qu’il veut acheter pour en faire l’université de Sherbrooke. Les Servites se rabattent donc sur une belle propriété, le White Gables Farm, à Ayer’s Cliff, en bordure du lac Massawipi. Ils l’achètent et y transfèrent en 1948 leur juvénat Saint-Alexis, qui se trouvait à Ottawa. Ils construisent le collège, avec 75 places : on y donne les cinq premières années du cours classique. En 1961, on agrandit et on construit un nouveau collège, capable d’accueillir, cette fois, 200 pensionnaires. L’ancien collège servira de résidence aux religieux. Jusqu’en 1980, le collège est une œuvre strictement servite, qui permettra en effet de recruter de nombreuses vocations.

                                  Frères des Écoles chrétiennes

                                               Des Frères des Écoles Chrétiennes

Toujours en éducation, et du côté des Frères du Sacré-Cœur, cette fois, mentionnons l’action très forte du Frère Théode, entre 1944 et 1954. En 1944, il est titulaire de la 12e année à l’école secondaire Sacré-Cœur de Sherbrooke, qi regroupe tous les élèves du niveau secondaire de la ville. Il veut que ses élèves puissent aller à l’Université. Il élabore donc un programme de 13e année qui donnera accès à l’université aux élèves du secondaire public. Il crée à cette fin un fonds d’aide financière pour les jeunes. En 1950, l’initiative vient de l’abbé Achille Larouche, curé de Waterville de 1957 à 1985. Les Sœurs achète la propriété de Royce L. Gale en 1963 et ouvrent en septembre 1963, un pensionnat pour 20 étudiantes de 8e année. Elles construisent l’année suivante un pensionnat et une maison provinciale : ce sera le Pensionnat des Sœurs du Saint-Cœur de Marie, qui ouvre en 1964 et peut accueillir 150 filles pensionnaires et 50 externes. En 1968, le pensionnat prend un nouveau nom : Collège François Delaplace, du nom du père du Saint-Esprit français qui a fondé la communauté à Paris en 1862. C’est actuellement une école secondaire privée pour filles qui accueille une centaine d’élèves, pensionnaires et externes.

                                       École Saacré-Coeur

                                                   École Sacré-coeur de Coaticook


À Waterville, toujours, un Orphelinat s’installera aussi. L’Orphelinat Saint-Joseph, des Frères de Sainte-Croix, qui arrivent dans le diocèse en 1942 et mettront sur pied un orphelinat à Waterville en 1946. Ce lieu connaîtra toutes sortes de vocations. En 1961, il deviendra le Collège Val-Estrie, institution scolaire et agronomique. En 1968, c’est un centre psycho-éducatif pour jeunes en difficulté. En 1981, une nouvelle vocation : le Centre Val-Estrie est un centre de plein air ouvert à toute la population. Ce sont toujours les Frères de Sainte-Croix qui s’en occupent. En 1985, c’est un centre de vacances familiales et en 1990, un camp de vacances pour jeunes de 4 à 12 ans, avec une capacité de 220 personnes.
Il faut ajouter que de 1948 à 1953, une communauté de religieuses a assuré les services matériels à l’Orphelinat. Il s’agit des Sœurs Disciples du Divin Maître. Waterville accueillera aussi de 1991 à 1997, les Sœurs du Précieux-Sang qui établissent leur monastère sur le site de Val-Estrie. Elles retourneront par la suite à la maison mère de Saint-Hyacinthe.

Notons maintenant la présence des communautés auprès de l’établissement des hôpitaux. Depuis 1951, Coaticook a son hôpital et c’est grâce à la communauté religieuse les Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul. C’est une grande communauté religieuse française, fondée par Vincent de Paul lui-même et Louise de Marillac, en 1633 à Paris, pour s’occuper des pauvres et des malades. À Coaticook l’histoire remonte à 1947. La ville veut un hôpital mais le Premier Ministre Duplessis mentionne qu’il n’y aura pas d’hôpital sans religieuses. Les Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul viennent de prendre la direction de l’hôpital Saint-Luc, d’Asbestos. Elles acceptent de venir à Coaticook, où elles arrivent en 1951 et inaugurent l’hôpital Catherine- Labouré, du nom de la religieuse de cette communauté qui a eu une apparition de la Sainte Vierge, rue Bac, à Paris, en 1830. Catherine Labouré avait été canonisée en 1947. Les religieuses vont rester à cet hôpital jusqu’en 1970, y ouvrant toutes sortes d’activités : centre hospitalier, école d’infirmières-auxiliaires, Centre d’action bénévole, comptoir familial, Popote roulante, cuisines collectives, services aux pauvres. Elles vont quitter la ville en 2007.
Au départ des Filles de la Charité, en 1970, les Sœurs de la Charité de Saint-Hyacinte, qui étaient à Sherbrooke, prennent la relève à l’hôpital Catherine Labouré, jusqu’en 1987.
Une autre activité dont s’occupe les communautés sont les lieux de pèlerinage. Le plus célèbre de la région est celui de Beauvoir, consacré au Sacré-Cœur. En 1943, Mgr Desranleau décide d’en faire un lieu important et y installe les Filles de la Charité du Sacré-Cœur. On construit une église plus grande en 1945 et en 1948, les Assomptionnistes prennent charge du sanctuaire. Ils vont le diriger jusqu’en 1996, alors que les Pères maristes prennent la relève.
Il est donc important de constater que la grande variété d’œuvres dont s’occupent les communautés sont nombreuses et importantes : éducatives, sociales, hospitalières, religieuses.
4. De 1970 à nos jours
Depuis 1970, un grand changement s’opère au sein de la société. Depuis des années la sécularisation de la société se produit. On assiste à la laïcisation des personnes et des institutions. Plusieurs prêtres, religieux, frères et religieuses retournent à la vie laïque. Le gouvernement prend le contrôle des écoles et des hôpitaux, des orphelinats et des services sociaux également. Les collèges classiques laissent place aux polyvalentes et aux cégeps, les écoles normales et les écoles ménagères disparaissent également. Plusieurs religieux et religieuses sont appelés à remplir de nouvelles tâches et leur recrutement est de plus en plus rare. Certains religieux ou religieuses vont se consacrer à de nouvelles tâches comme par exemple le Frère Edmond Therriault, des frères du Sacré-Cœur, va agir pendant plus de 25 ans comme directeur général et directeur d’autres services au Centre administratif de la Commission scolaire de Coaticook, jusqu’à sa retraite en 1995.

Le renouveau des communautés se fait très rare. L’exemple connu dans notre région est la Famille Marie-Jeunesse. Cette communauté regroupe des jeunes, hommes, femmes, couples, est née à Sillery en 1986 et s’est implantée à Sherbrooke en 1990. Elle obtient la maison des Sœurs de la Présentation de Marie, rue du Conseil à Sherbrooke.
En général, l’Estrie a mieux résisté au mouvement de sécularisation qu’ailleurs : les collèges privés se sont maintenus, le sanctuaire de Beauvoir aussi, les bénédictins de Saint-Benoit du Lac. Nous assistons à un mouvement d’entraide entre les communautés : plusieurs se regroupent dans des maisons de retraite. Les archives de quatre importantes communautés religieuses de la région se retrouvent dans le Centre d’Archives Mgr Antoine Racine, dans le sous-sol de la cathédrale, restauré et inauguré en 2016. Outre les archives de l’archevêché et celles du Séminaire qui abrite les archives des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus, des Sœurs missionnaires de Notre-Dame des Anges et des Frères du Sacré-Cœur.
Voici qui peut conclure l’exposé des différentes communautés de notre région. Nous avons pu remarquer l’apport de ces communautés à la société et les changements qui se rapportent aux différentes époques et l’évolution des sociétés à travers les ans.

À Coaticook, la polyvalente La Frontalière, école Albert l’Heureux, est documenté dans « Le Courant » de 2019, Numéro 21 et Le Collège Rivier de Coaticook, Le Pensionnat, est documenté dans ce « Le Courant » de 2021, Numéro 23. Ces documents sont utiles pour approfondir les connaissances.

Le Courant

Le Courant est publié par la Société une fois par année. Membres de la société, historiens professionnels et amateurs partagent avec les lecteurs le fruit de leurs recherches. Les textes sont disponibles en français et en anglais. La publication de cette revue est rendue possible grâce au soutien de commanditaires locaux que nous remercions avec toute notre gratitude.


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