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Le Courant

Automne 2014 | 16

East-Hereford

Histoire 1800-1926

 

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Déjà vers 1760, des colons sont installés au sud de notre frontière, dans ce qu’on connait aujourd’hui comme comté de Coos. Ainsi, les premiers colons à s’installer dans le canton d’Hereford étaient des Américains qui ne savaient pas vraiment s’ils étaient au Canada ou aux États-Unis. Le 6 novembre 1800, le gouvernement du Bas-Canada accorde des lettres patentes à James Rankin et à ses associés en vue de coloniser la partie sud du canton de Hereford. À l’est, il y a aussi le canton de Drayton. J’en parle parce que ce canton, malgré plusieurs demandes d’arpentage, ne recevra jamais de sanction royale mais il sera important dans tout le flou juridique qui va entraîner en 1832 la constitution de l’Indian Stream.
Il n’y a pas beaucoup de progrès à cette période. La population du canton passe de 200 habitants en 1815 à 171 en 1831. Anglophones en totalité, les habitants ont pour origine l’Angleterre, le pays de Galle, l’Irlande et les États-Unis (43%). Universalistes, Baptistes et Protestants se partagent les principales croyances religieuses. L’économie repose essentiellement sur l’agriculture. Autant dans le canton de Drayton que dans celui d’Hereford, les colons ne savent toujours pas s’ils habitent au Canada ou aux États-Unis. Pourquoi?

Par le Traité de Versailles en 1783, la Grande-Bretagne reconnaissait l’indépendance des États-Unis. On avait à ce moment délimité la frontière en mentionnant les sources les plus au nord-ouest de la rivière Connecticut. Des sources, il y en avait plusieurs, la Hall Stream, l’Indian Stream, et le Perry Stream. Lequel est le bon? En plus, on avait perdu les cartes. Tannés, les résidants de cette région ont créé la République de l’Indian Stream. C’est ainsi que le 9 juillet 1832 à l’école centrale, s’est tenue une importante assemblée dont l’issue s’est soldé par la constitution d’un état libre, souverain et indépendant. Borné au sud-est par la rivière Connecticut et l’Indian Stream et à l’ouest par le ruisseau Hall, le territoire de la République était presque calqué intégralement sur celui de Pittsurg NH, aujourd’hui notre voisin de frontière.
Presque oubliés, ni Canadiens, ni Américains, 59 colons présents à cette assemblée du 9 juillet ont convenu qu’on ne sera jamais si bien servi que par soi-même. Ainsi par un vote de 56 contre 3, les habitants, privés de la protection des lois de tout gouvernement, adoptent une constitution en 13 articles pour préserver l’union entre eux, sauvegarder la justice, la paix, la sécurité et une commune défense, une espèce de Bill of Rights. Un conseil formé de cinq membres exercera les pouvoirs civil et militaire mais dont les règlements et les résolutions seront soumis et acceptés par l’Assemblée générale.

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La République était-elle une simple municipalité? Dans ses écrits, Francis-Joseph Audet répond que cette République était bel et bien un état indépendant exerçant les fonctions souveraines. Il affirme également que ce petit état jouera un rôle important dans les négociations entre la Grande-Bretagne et les États-Unis au sujet des frontières.

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Ainsi, notre coin de pays est arrosé par bon nombre de ruissseaux, les habitants font tomber la forêt et riches moissons s’épanouissent. Au commencement de 1835, la République, très prospère, contenait 69 familles, composées de 414 habitants. Chaque famille possédait 100 acres de terre et il y avait plus de quinze cents acres en culture. Malgré tout, la paix de ces quelques années n’allait pas tenir. La convoitise, tant des Britanniques que des Américains, allait entraîner plusieurs actes de violence de part et d’autres. Arrestations et emprisonnements de résidents bien en vue autant par les shérifs du comté de Coos que ceux de Sherbrooke, allaient à nouveau rendre la situation insoutenable. Des demandes répétées de protection au gouvernement du Bas-Canada demeurent sans réponse. Les résidents perdent courage. Plusieurs quittent une région devenue inhospitalière et les autres, pour éviter une effusion de sang, se rangent du côté du New-Hampshire. Le territoire de la République est intégré au comté des Coos et en1840, est fondé Pittsburg NH.
Le règlement définitif de la frontière devait traîner encore pendant deux ans. Le 9 août 1842, le Traité Ashburton-Webster scellait la frontière, tracée par le ruisseau Hall, le ruisseau le plus à l’ouest et qui s’écoule dans le Connecticut. Du coup, disparaissaient de ce côté trois cantons, Drayton, Croydon et Stanhope. On peut parler d’un abandon facile des droits britanniques, Lord Ashburton, jugeant inutiles ces arpents de neige et de forêts. Mais quand on connait la beauté des lacs, des sites et la valeur des forêts, le seul canton de Draêts, le seul canton de Drayton, territoire de l’Indian Stream, a été une perte considérable pour le Bas-Canada.

Le 9 janvier 1860, se tient la première assemblée de conseil de la Municipalité du Canton de Hereford sous la présidence du maire Aaron Workman et les conseillers sont tous anglophones : Alexander Andrews, Charles O. Hibbard, Sylvester Beacher, Eznar Bigelow et Levi R. Dean, Wellington Nichols. Dès 1864, apparaîtront les premiers noms francophones au conseil : MM Flavien Paquette et Joseph Lambert. Notez bien que la municipalité comprend tout St-Venant- de-Paquette, tout East-Hereford et une partie de St-Herménégilde. Et même si au cours des années suivantes, il y a de plus en plus de francophones sur le conseil, ce n’est que le 4 avril 1949 qu’on rédigera le procès-verbal en français.

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Après plus d’un demi-siècle de colonisation anglophone, le canton n’est toujours pas arpenté dans sa partie nord. Toutefois en 1861, sous l’égide du curé Jean-Baptiste Champeaux, il y a arrivée massive de Canadiens-Français qui viennent en partie de la région de Beloeil. Le 21 juillet 1862, un décret autorise l’érection de la première chapelle catholique. Au cours des années subséquentes, des francophones s’installent aussi dans le sud du canton. La chapelle ne suffit plus et un débat s’enclenche sur plusieurs années concernant l’emplacement à choisir pour la construction d’une église. Elle sera finalement construite dans ce qui est aujourd’hui le village de St-Venant-de-Paqette, église tout de bois maintenant classée bâtiment patrimonial. Toutefois, les colons installés à l’est n’auront pas dit leur dernier mot.
Sur la carte de 1863, on trouve des écoles, au moins un moulin à scie, bureau de poste, douanes, station astronomique…..et deux noms à consonance française, Paquette et Lambert. L’industrie forestière prend de l’importance surtout dans les parties ouest et est du canton. C’est dans ces parties que se concentrent les plus grandes terres et leurs occupants. En 1881, la population s’établit à 1 498 habitants. La famille Van Dyke, hollandaise, en particulier les frères Georges et Thomas-Henry, marqueront l’histoire. Georges achète son premier lot dans le canton pour 100$ . Quelques années plus tare, il sera propriétaire dans Hereford de plus de 5 600 acres et de 4 000 autres avec la famille Heath. Lui et son frère Thomas-Henry fourniront le bois à la compagnie Connecticut River Lumber du Connecticut dont Georges est un actionnaire principal. Ce dernier jouera un rôle clé dans la venue du chemin de fer en 1887 dans la partie est du canton, le Hereford Branch Railways.

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En 1903, la partie sud-ouest du canton est rattachée à une partie du canton de Barnston pour former la corporation de St-Herménégilde. Entre les deux pôles restants, les choses se corsent. Comme les francophones sont surtout établis au nord et que les opérations forestières nécessitent beaucoup de main d’œuvre au centre et à l’est, l’établissement d’une chapelle et d’une paroisse devient incontournable pour Hereford Est. En 1896, une requête est adressée au diocèse pour la construction d’une modeste chapelle mais les choses traîneront pendant dix ans. En 1907, une assemblée de francs-tenanciers, avec à sa tête Thomas-Henry Van Dyke, demande la création d’une nouvelle paroisse et la construction d’une église. Les paroissiens de St-Venant s’y opposent farouchement. Malgré tout, le 20 décembre 1907, le curé Thomas O’Neil (il a quitté St-Venant) célèbre la première messe à Hereford Est. Le 11 juin 1917, c’est la constitution de la Municipalité de la paroisse de St-Venant-de-Hereford.

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En 1925, le train cessera de siffler et le chef de gare, M Joseph-Alphonse Laverdière qui était maire à ce moment, quittera la municipalité en 1926. L’économie locale se ressentira plus ou moins de cette perte, les habitants étant de fiers entrepreneurs. Le décès et le départ de plusieurs anglophones favorisera l’arrivée de francophones aux commandes économiques. Les Emmanuel Beloin, Freddy Beloin et Eddy Riendeau seront des résidents marquants dans l’histoire de la municipalité, surtout pour le commerce du bois.

Source : Diane Lauzon Rioux

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