Des gens très importants sont nés et ont vécus dans notre ville de Coaticook et nous les avons presque oubliés. Sans doute que l’époque où ils sont nés les médias n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui et sans doute que le sujet n’était pas des plus mentionnés. M. Ernest Gendreau est l’un de ses personnages qui a marqué l’évolution de la médecine. Sa renommée à travers le monde est bien témoin de son importance. Parmi les vaillants fils et filles de la région de Coaticook, certains s’illustrent dans les sciences et la santé. C’est le cas du docteur Ernest Gendreau qui, à travers une brillante carrière, se fait reconnaître comme savant à l’international.
Ernest Gendreau nait à Coaticook en 1879. Son père est M. Jean-Baptiste Gendreau. Jean-Baptiste est notaire à Coaticook et obtient sa commission de notaire le 16 mai 1878. Il exercera sa profession jusqu’en 1921. Il épousa la fille de Gédéon Durocher ce qui le met en contact avec la grande famille de notaires de Coaticook. Ce mariage le placera ainsi dans une famille qui saura lui être très utile pour sa carrière. Il fut maire de Coaticook de 1884 à 1885, 1900, 1905 et en 1909.
C’est de cette union que naîtra Ernest Gendreau dont nous parlerons plus abondamment. Joseph-Ernest Gendreau est né le 24 octobre 1879. Il fera ses études classiques au Séminaire de St-Hyacinthe de 1893 à 1899. Lors de ses études, il rencontrera Mgr Choquette qui s’intéressera et jeta les bases des futures recherches de M. Gendreau. À la suite d’un stage chez les Pères Jésuites de Montréal, il ira étudier en Europe et à Londres en Angleterre. Il passera plusieurs années à l’Université de Paris. Pendant dix ans, il étudie la physique, la chimie, la médecine et la radiologie. Il fait aussi des études sur la radioactivité avec Marie Curie. Il fait ainsi des études à l’Université de Paris ainsi qu’à l’Institut Pasteur. En 1917, il est assistant radiologue à l’Hôpital Saint-Antoine de Paris et chargé du laboratoire de la ville, et il est nommé, l’année suivante , chef de laboratoire du gouvernement militaire de Paris.
Dr Ernest Gendreau
Par la suite, il reviendra à Montréal. Il sera professeur de physique et de chimie à la Faculté des sciences de l’Université de Montréal et enseignera la chimie à l’École des hautes études commerciales. En 1922, il fonde l’Institut du radium de l’Université de Montréal dédié à la recherche sur le cancer. Le centre s’affilie à l’Institut du radium de Paris et à la fondation Marie-Curie, dont il devient la première filiale.
Le journal ‘’Le Devoir’’ du 4 avril 1923, rédige un article sur l’événement de l’inauguration de l’Institut du radium à Montréal. Cet institut est inauguré par une séance d’expérimentation scientifique qui se déroule sous la présidence du nouveau recteur, Mgr Georges Gauthier, le secrétaire de la province, Athanase David et le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau. Le scientifique Ernest Gendreau joue un rôle prépondérant dans la décision du gouvernement du Québec d’accorder son soutien à cet institut. Selon le président du Radium Corporation installé à New-York, il s’agirait de l’installation la plus perfectionnée de toute l’Amérique.
L’Institut est créé peu après le dépôt à l’université de Montréal d’un gramme et quart de radium en provenance du gouvernement du Québec. Le scientifique M. Gendreau dirigera l’Institut pendant 23 ans. L’objectif de l’Institut est d’utiliser le radium dans le traitement de diverses formes de cancer, mais aussi de former des radiologistes.
Un article des archives de l’Université de Montréal nous mentionne qu’en 1921, le gouvernement du Québec fait l’achat, au coût de 100, 000 $, d’un gramme et quart de radium, qu’il confie au docteur Ernest Gendreau, professeur à la Faculté des sciences. Médecin et radiologiste formé à l’Institut du radium de Paris, le docteur Gendreau fonde l’année suivante l’Institut du radium de l’Université de Montréal, un centre voué à la recherche clinique sur le cancer. Installé au sous-sol de l’édifice de la rue Saint-Denis, l’Institut sera le premier en Amérique à utiliser un appareil à rayons X de 200, 000 volts pour le traitement du cancer. Le docteur Gendreau est un des pionniers dans cette aventure.
Dr Ernest Gendreau à sa clinique
L’historien Jean-François Nadeau retrace l’histoire du bâtiment : L'impressionnant bâtiment, construit à l'époque où des notables essayaient de créer à Maisonneuve une « Westmount des francophones », est transformé en hôpital avec une trentaine de lits, où on fait de premiers essais de traitements du cancer à l'aide des rayons. La patiente la plus célèbre est sans contredit Mary Travers, alias La Bolduc, l'idole du quartier, qui, après un accident de voiture qui l'a menée à l'hôpital en 1937, s'est vu diagnostiquer un cancer. Les Soeurs grises en ont la charge jusqu'en 1967, quand l'Institut du radium est fermé au profit d'hôpitaux plus modernes. La majestueuse bâtisse a ensuite plusieurs fonctions, notamment Maison de la culture, et désormais bibliothèque publique, « peut-être l'une des plus belles de Montréal », croit l'historien.
En 2018, nous allons beaucoup entendre parler de l’Institut du radium, autrefois installé dans l’ancien hôtel de ville de Maisonneuve, car le film La Bolduc traitant de la vie de Mary Travers (La Bolduc) à cet Institut du radium pour des traitements afin d’y soigner un cancer. Mary Travers (La Bolduc) mourra le 20 février 1941 à la suite de cette maladie.
Institut du radium (Montréal)
Le docteur Gendreau devient rapidement une sommité mondiale en radiologie. Il représente l’Institut à de nombreux congrès internationaux de radiologie et de cancérologie. En mars 1941, il reçoit le mandat, de la part de l’Organisation panaméricaine de la lutte contre le cancer, d’organiser cette lutte partout au Canada. Dans un fascicule publié en 1943, « Cent cas de cancer traités et apparemment guéris à l’Institut du radium de Montréal », le docteur Gendreau explique les méthodes pour guérir certains cas. En 1935, cet institut spécialisé dans le traitement du cancer, le seul du genre au Québec, compte à son service trois radiologistes et deux autres spécialistes à plein temps. Les Sœurs Grises assurent le service hospitalier et la gestion du personnel subalterne. De sa fondation à sa fermeture en 1967, l’établissement prodigue des soins à plus de 67, 000 patients. L’Institut ferme ses portes en 1967, principalement parce que le radium n’est plus utilisé dans le traitement du cancer et qu’il n’est plus à la fine pointe de la technologie de l’époque.
Le docteur Gendreau meurt à Montréal le 5 juin 1949.
Coaticook peut être fier de compter parmi les siens, un savant de cette force. La technologie et les recherches ne cessent de progresser mais n’oublions jamais que grâce au travail et à la persévérance de personnes comme M. Gendreau l’évolution des choses est bénéfique.
M. Gendreau lors d'un discours
Hier soir, j’ai assisté au triomphe du Dr Gendreau qui a fait un résumé de l’œuvre de Pierre et de Marie Curie à la Sorbonne devant le Président de la République et tous les savants et délégués de la Semaine internationale du cancer. Il a été nettement merveilleux. Plusieurs fois, il a été interrompu par des applaudissements et finalement s’est assis triomphalement.
Dr Eugène Robillard, novembre 1938
Des éléments tels que découpures de journaux, invitations et documents ont été retrouvés grâce aux Fonds Jean-Nil Drolet, de Coaticook. Ces Fonds se trouvent à la Société d’histoire de Coaticook.
