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Le Courant

Automne 2007 | 09

Les Marcoux

Lauréat Bélanger


L'année 2006 a marqué le 75e anniversaire de l'usine de portes et fenêtres Marcoux et Frères. Laissons Lauréat Bélanger, dans le journal Le Progrès du 10 septembre 1991 (qui célébrait alors les 60 ans de l'entreprise) nous entretenir de cette usine.

Les Marcoux, soixante ans et trois générations d'ébénistes
Lancée le 2 février 1931, l'entreprise Marcoux & Frères a donc complétée en 1991 sa soixantième année de paisible existence. Paisible parce que, renonçant à d'excitantes mais parfois périlleuses aventures, les propriétaires, aujourd'hui à la troisième génération, ont plutôt visé, comme au départ, de se donner un gagne-pain et de bien servir leur clientèle régionale.

Les fondateurs et les débuts
Il y eut d'abord au siècle passé, François-Xavier Marcoux, père de Albert, de Aimée, qui était fort habile dans le travail du bois, "tout un ébéniste" dit-on. On lui doit la chaire et l'escalier qui ornaient autrefois l'église St-Edmond et que le progrès a condamné à la désuétude, au grand regret des connaisseurs de travail bien fait.

Albert et Aimée Marcoux, les fils de ce François-Xavier, sont donc originaires de Coaticook et travaillaient comme « petit boss » dans une entreprise d'ébénisterie du nom de Baldwin. On y fabriquait des portes et des fenêtres. Mais voilà qu'un jour l'entreprise passe aux mains de la Mason and Parker, une industrie qui fabrique des jouets.

Les frères Marcoux estiment qu'ils ne sont pas fait pour "fabriquer des bébelles" et ne sont pas heureux de leur sort. Ils constatent également que la région de Coaticook est soudainement privée d'une manufacture de portes et fenêtres. Ils ont bien une idée, mais en 1931, les anciens s'en souviennent, c'est la crise économique.

Mais la détermination alliée à la chance permettent aux frères Marcoux de se lancer. Ils ont l'expérience, ils ont la volonté pour alimenter leur détermination. Quant à la chance, elle leur vient de la Commission scolaire, dont le président était alors le notaire J. Edmond Durocher. Quand on avait obtenu que « des sœurs » viennent assurer l'enseignement à St-Marc, c'était à la condition que l'école soit située en sorte que celles-ci n'aient pas à "monter la cote". On devait donc resituer l'école près de l'église. Oui, l'école Rivier qui a été fermée il y a quelques années et dont le local allait être transformé en logements et abriter jusqu'à récemment la Coopérative d'alimentation. Et c'est sur le site de l'école déménagée, quelques années auparavant, soit vers 1922, et à la suggestion du notaire Edmond Durocher, que les Marcoux vont commencer à s'installer. C'est une aubaine pour eux, les fondations de l'ancien bâtiment sont encore utilisables, etc. Mais en contrepartie, ils se sont engagés à fournir portes et fenêtres pour la construction de l'école St-Michel, face au presbytère St-Edmond de sorte qu'elle soit prête pour la rentrée scolaire, en septembre 1931. Albert et Aimée Marcoux installent un plancher sur les vieilles fondations et travaillent à ciel ouvert pour honorer leur contrat dans les délais convenus. Ils y parviennent et l'entreprise débutante mise en marche le 2 février 1931 peut se considérer comme lancée. Au gré de la demande, les deux frères Marcous engagent deux, trois ou quatre hommes. L'entreprise fait une bonne place à d'autres Marcoux. En 1935, Fernand, à 15 ans, fils aîné d'Albert, entre à l'usine jusqu'en 1940, année où il sera appelé à faire son service militaire. En 1941, c'est l'arrivée de Denis, un autre fils d'Albert. Léo, autre fils d'Albert travaillera lui aussi un temps à l'entreprise familiale. Quant à Jacques, fils d'Aimée, il y entrera en 1953.

Une relève nombreuse...
En 1962, quand, après 31 ans, Albert et Aimée se retirent, ils cèdent l'entreprise Marcoux & Frères aux cousins Denis et Jacques. Dans les années qui ont suivi, Pierre, fils de Denis a décidé, depuis 13 ans, d'aller lui aussi joindre le clan. C'est lui, qui depuis 2 ans, avec son petit cousin, Jacques, a pris la relève à la direction de la compagnie. Un autre fils de Denis, Michel présente une fiche de 18 ans d'ancienneté à l'entreprise. D'autres fils de Denis, Luc, Richard et Bernard, ont travaillé occasionnellement, (congés, vacances, etc. ) à l'entreprise, de la même façon que les fils d'Aimée: Paul, François et Guy. Et comme les Marcoux semblent avoir eu de la sciure de bois dans le sang, on retrouve aujourd'hui Léo à Cuisines Modernes, Fernand dans la construction domiciliaire, Richard dans le commerce des portes et fenêtres.


Le quotidien à l'atelier
L'entreprise fonctionne avec aussi peu que trois ou quatre hommes quand "c'est tranquille" ou passe à six ou sept quand le besoin s'en fait sentir. Au cours des ans, Marcoux & Frères a fait son nom avec les portes et les fenêtres. Maison a déjà eu une chaufferie pour sécher le bois, on a préparé le bois de finition intérieure(boiserie, plinthes, moulures, cadrages, "v joint", etc. ) et extérieure (déclin, imitation de bois rond, bois de galeries, tous genres de moulures, etc. ). On a préparé le bois pour la fabrication de silo, etc. L'usine a desservi le marché local soit la région de Coaticook en débordant outre-frontière pour 12 à 15 % de son chiffre d'affaires. Autrefois, plusieurs clients, les cultivateurs en particulier, arrivaient avec leur bois et commandaient le travail à y effectuer. C'est une coutume complètement disparue. Maintenant, les clients arrivent avec leurs commandes et l'entreprise doit acheter le bois dont elle aura besoin pour répondre à la clientèle. Devant la rareté de certaines essences ici au Québec, en particulier le pin, on doit avoir recours au marché américain. Autrefois, le rare bois que l'on achetait venait de la Californie, il s'agissait du Sugar Pine qui servait à faire portes et fenêtres. Ce bois étant devenu rare, il est protégé et on de le trouve plus sur le marché.

L'équipement de l'usine
L'usine Marcoux & Frères a la caractéristique de fonctionner avec certaines machines-outils et surtout un système de transmission de la force motrice qui commence à faire l'objet de curiosité. En effet, on possède une série de machines qui datent des années 1860 : une mortaiseuse, une machine à tenons, une scie à refendre manuelle à mouvement alternatif, une machine à moulurer des battants de fenêtres, etc. Bien sûr, on a su intégrer certains outillages modernes pour faciliter et accélérer certaines tâches. Mais les outils anciens sont encore très utiles pour certains travaux de réfection de bâtiments anciens. On note par exemple que les anglophones sont plus conservateurs dans leur mode d'entretien et de rénovation de bâtiments et veulent souvent la reproduction fidèle de l'original. Quant au mode de transmission de la force motrice, contrairement aux usines modernes où chaque machine est autonome avec son moteur, chez Marcoux & Frères, on a encore un bon vieux moteur de 20 forces qui actionne tout "le moulin". Ce moteur actionne un arbre de transmission dissimulé sous le plancher et chaque machine (il y en a 13) y est rattachée par une courroie mise en marche par un système d'embrayage. Comme toutes les machines ne fonctionnent jamais toutes ensemble, ce moteur est amplement suffisant et même s'il fonctionne en permanence, il est probablement plus économique que toute une gamme de moteurs individuels qui partiraient et s'arrêteraient plusieurs fois par jour. C'est un procédé ancien qui est considéré comme un "droit acquis" mais qui ne pourrait être installé aujourd'hui. On l'a condamné parce qu'à l'époque l'arbre de transmission passait dans l'usine, généralement au plafond et les ouvriers se déplaçaient dans une forêt de courroies dangereuses, toujours prêtes à accrocher un vêtement, et dans un "moulin à scie", des pièces de bois, etc. Mais chez les Marcoux, l'originalité est que cet arbre de transmission court sous le plancher et que l'embrayage de chaque machine est dissimulé sous une boîte de bois. La sécurité y est donc aussi bien assurée qu'avec la mode des moteurs à chaque machine.

Parlant de sécurité...
Parlant de sécurité, il faut dire que le travail du bois avait mauvaises réputation à l'époque. Il en a coûté des doigts, quand ce n'est pas des membres entiers. Chez les Marcoux, ce ne fut pas si catastrophique. Denis et Fernand ont sacrifié chacun un bout de pouce alors que Léo a laissé un doigt. C'est tout. Comme on touche beaucoup de bois, on s'estime chanceux. Quant aux autres "malheurs", on ne s'en plaint pas trop. Une couple de débuts d'incendies qui finalement ont fait plus de peur que de dégâts. Une fois entre-autre, Denis se souvient que le pire de la tâche, après le feu, avait été de laver les vitres tachées par l'eau.

Conclusion...
Et pour l'avenir ... Comme on a tellement parlé de passé, que l'histoire d'une entreprise, apparemment sans histoire, offre déjà assez d'intérêt pour se suffire à elle-même, laissons les Marcoux évoluer à leur rythme. Tant qu'ils ne fabriqueront pas de bébelles et qu'ils gagneront leur vie... que demander de plus?

Le Progrès de Coaticook, 10 septembre 1991, vol. 42 no 35 p. 4et5

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